Pensée matinale

Je cherche une sobriété du désir, qui le rendrait nu et juste, fidèle alors à la fantaisie profonde de mon âme.

 

Sans plus

Desaccumuler les sensations

Alors distinguer ?

Vivre, peut-être
Ou respirer, la brise fragile

Desaccumuler le désir

Et finalement
Désirer vrai

 

Ce qui fut

Les souvenirs flottent comme une toile incertaine. 

Sont-ils réels ?

Le vent agite la toile, la déforme ; elle s’étire, elle se tend, elle se tord.

Son armature est solide, dense compositions de vécus impalpables et passés ; présents comme des spectres, des rêves peu sûrs, des sables mouvants s’étendant vers l'infini lointain.

Ces vécus résistent, insistent, persistent, puis, las de ne plus être, s’évaporent avec le temps, abandonnant lentement leur consistance originelle.

Malgré eux, ils soutiennent encore vigoureusement la toile, qui hardiment se redéploie chaque fois moins fidèlement. Le souvenir claque et vole au gré de l’humeur du moment. 

Valverde de la Vera, 30 août 2022.

Alivio

Sin horario viene el duende
Sin projecto se alivia la letra
La jota suena a color de agua
La fuente baila su dicha eterna

El alma llama al portero
¿ Se quedo dormido el señor ?
El alma se sienta, con paciencia espera
El tiempo passa... y
el espíritu vuela

Reine

Agitait sa crinière

La lionne

Gueule impassible

Au soleil

Face à son domaine


Flegme royal

 

Lumière du Lauragais

Les blés autour sont blonds

Les épis gros et lourds

La terre aride sous la cagnasse

Les tiges dansent sous le vent


Du cœur des blés dorés

Seule jaillit la lumière

Intense et infinie

Le sombre n'existe pas


Et si l'on devenait jaune blé

C'est beau, jaune blé

C'est chaud, comme une tartine...

Tu l'entends ? Il crépite !



Traversée de l'Espagne

Proche des Pyrénées d'abord sur des grandes routes sinueuses à travers collines et forêts

Puis les plateaux et l'atmosphère désertique de Zaragoza

Madrid de bretelles en bretelles de périph

Les cigognes nichées de pylône électrique en pylône électrique sur quelques tronçons

Haut nid ou petit nid, mais l'allure svelte mi-gracieuse mi-maladroite avec leurs membres longs à n'en plus finir

D'immenses champs d'éoliennes à faire pâlir Don Quichotte

Puis l'approche, magnifique et sereine, d'une terre généreuse, près des pueblos de la Vera

L'Almanzor enneigé culminant sur le paysage verdoyant, à peine florissant, par-delà les étendues de chênes verts

L'atmosphère chaude de pays du sud, les oliviers, quelques palmiers et orangers

L'intimité des pueblos, des routes hors des grands axes conduisant à l'espace préservé d'une réserve naturelle, non officielle

Les terrasses ouvertes, vivantes de gens non assignés au couvre-feu à la française, où l'on partage quelques cañas

La plaza vivante, à notre arrivée à la tombée du jour ce dimanche, dans ce village de quelques centaines d'habitants ou deux bars sont ouverts

Il fait bon vivre ce soir, ici.