En compagnie de Dexter



Ambiance terne et pluvieuse. A travers les vitres pleines de traces, je regarde les étudiants arrivant par vagues, que vont-ils étudier, alors que ce sont toujours les mêmes bon vieux tubes de Queen et Elton John qui passent à la radio...

Une vague de nostalgie me remplit. Je m'imagine vieille en train de rire avec un ancien amant retrouvé. Rire de la folie de nos illusions. Rire de notre goût à vivre, du goût de l'expérience que nous avons gardés intacts. La folie de nos illusions ? Des projets. Des rêves. Rêves de voyage. D'entreprises démentes. Idéaux démesurés. Aveuglement garanti dans la caverne de Platon. Quelle beauté cette innocence constamment renouvelée.

Le flot des étudiants incessant me rappelle à la grisaille, à l'observation hébétée des pigeons qui ramassent les miettes du petit déjeuner sur la terrasse du café. C'est un boui-boui : une fausse plante, une machine à café à capsules, un haut-parleur qui grésille, et sur les murs Dexter Gordon assis non loin de reine Lavazza et ses cuillères sur la tête.
La vendeuse au rire abondant emplit le lieu de voix et de vie et je l'entends déjà comme si c'était midi tonitruer au milieu de la salle remplie d'étudiants. Les conversations se mêlent entre musique, art, et histoire des langues... oui, c'est ça, entre conquêtes, sorties, exploits et cuite de la veille. Et les prochaines élections s'attablent au milieu des vacances et du mal de chien à se lever.

Silence au milieu des tables vides. De bon matin, les étudiants sont sur les bancs ; l'élégant Dexter fume sa clope, le sax posé sur son pantalon de costard ; et moi, je file.


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