Brève matinale d'une chomeuse

 
Savoir pourquoi un film sur la crise grecque m'intéresse.
Une bonne vieille comédie aurait fait l'affaire pour maintenir intact mon positivisme apolitique. Hors de question de remettre en question ma tranquillité quotidienne.
Ah oui, alors on parle de nouveau modèle de développement. On se sent interpellé et concerné. Et alors ? Grande difficulté que la dé-construction. Grande difficulté qu'une reconstruction de modèle. Des désaccords certains, une incertitude planante. L'opportunité pour chaque groupe de laisser enfin éclater sa Voie.
Moi je suis au chômage. J'ai du mal à m'intégrer. La concurrence est sévère, faire un CV et candidater, postuler à une formation intéressante avec un projet suffisamment clair et motivé. Pour me recycler. Je suis has-been.
Je dois faire semblant, d'être à fond, de sourire, de dire OUI, je vais être disponible et efficace pour vous tous les jours car j'ai besoin de payer mon loyer. Je sais tout faire vous savez. Certes vos pratiques et activités ne m'intéressent pas, voire elles contribuent à entériner la construction d'un monde plastique qui ne me plaît pas.
Bien entendu, j'y renonce chaque jour un peu plus, à ce monde-là. Ce n'est pas le mien. Finalement peut-être pas celui de beaucoup de mes contemporains non plus d'ailleurs.
Dans mon temps libre, je me demande alors que faire pour ne pas me prostituer et utiliser mes forces vives intelligemment.
Je n'ai sans doute pas trouvé. Mais j'en parle.
Ah oui. Je dois subvenir à mes besoins quotidiens. Alors je ferai mes compromis. Comme beaucoup. Peut-être. Un peu.


L'autre


Il y a des choses en nous qui déterminent nos quêtes de vie, fortes, au-delà de simples volontés. Le vécu, le regard singulier, forgé, amené, contraint, animé.
Ma rencontre avec l'autre m'amène à cela, à me mêler un instant à son expérience, à réaliser que ce ne sont pas les mêmes choses qui seront nos moteurs, à comprendre que mon regard est une infime partie.
J'aime voir le monde comme cette multitude d'expériences et de regards qui s'entremêlent, qui co-existent. Reflets des réalités avec lesquelles il faut composer.


Divagations



Deux mois de pérégrinations,
de conversations avec les bergers et la faune,
de lecture de carte et de boussole,
de contemplation de chevaux sauvages sur les hauteurs,
de réveil des peurs ancestrales nocturnes, ...

Combien de regards de brebis ai-je croisés ?

Les skieurs savent-ils que les vaches broutent et dorment sous les télésièges pendant l'estive ?

Qu'est-ce qui peut bien traverser l'esprit d'une vache à la vue d'un randonneur ?

Peut-on décrire les sentiments avec des mots ?


Nouvel horizon





Herriko Etchea, Sare, Pays basque





Doux pays basque





Cafeteria de Sallent de Gallego, Alto aragon






Gavarnie, Hautes-Pyrénées



Prise au dépourvue, puis-je seulement continuer à marcher sans m'égarer ?

Borne frontière, Haute-Garonne






Le pic de la Hage forme avec ses pics voisins une crête
de sommets arrondis, la crête des Cigalères,
à quelques heures de marche de Luchon.
Je découvre le souffle coupé un panorama grandiose :
de nombreux pics pyrénéens, d'énormes massifs,
des glaciers, l'Aneto, et la Maladeta, probablement. 

 
Là un sentiment étrange mêle ma petitesse
à la contemplation des plus abasourdie,
c'est bel et bien fou d'être là, instant suspendu, si suspendu,
il faudra quand même s'en extirper, surtout quand
les nuages au loin commencent à monter en chou-fleur
les uns après les autres, et que je me sens menacée
d'une frayeur trop soudaine, alors que tout est encore
si ensoleillé et silencieux.


L'orage cette nuit là. Sans bruit, juste les flashs,
sans cesse, sur les lointaines montagnes.
Cet instant n'était pas de ce monde,
ni moi dans la cabane, sans aucun doute.


Refuge de Batère, Pyrénées Orientales







En compagnie de Dexter



Ambiance terne et pluvieuse. A travers les vitres pleines de traces, je regarde les étudiants arrivant par vagues, que vont-ils étudier, alors que ce sont toujours les mêmes bon vieux tubes de Queen et Elton John qui passent à la radio...

Une vague de nostalgie me remplit. Je m'imagine vieille en train de rire avec un ancien amant retrouvé. Rire de la folie de nos illusions. Rire de notre goût à vivre, du goût de l'expérience que nous avons gardés intacts. La folie de nos illusions ? Des projets. Des rêves. Rêves de voyage. D'entreprises démentes. Idéaux démesurés. Aveuglement garanti dans la caverne de Platon. Quelle beauté cette innocence constamment renouvelée.

Le flot des étudiants incessant me rappelle à la grisaille, à l'observation hébétée des pigeons qui ramassent les miettes du petit déjeuner sur la terrasse du café. C'est un boui-boui : une fausse plante, une machine à café à capsules, un haut-parleur qui grésille, et sur les murs Dexter Gordon assis non loin de reine Lavazza et ses cuillères sur la tête.
La vendeuse au rire abondant emplit le lieu de voix et de vie et je l'entends déjà comme si c'était midi tonitruer au milieu de la salle remplie d'étudiants. Les conversations se mêlent entre musique, art, et histoire des langues... oui, c'est ça, entre conquêtes, sorties, exploits et cuite de la veille. Et les prochaines élections s'attablent au milieu des vacances et du mal de chien à se lever.

Silence au milieu des tables vides. De bon matin, les étudiants sont sur les bancs ; l'élégant Dexter fume sa clope, le sax posé sur son pantalon de costard ; et moi, je file.


Paix à nos âmes





Question de goût






Handicap mortel



Je veux dire quel bon moment j'ai passé
avec toi on r'met ça, on passe une semaine
sous la couette tu sais que tu me plais

et je dis bah euh je voulais te voir euh
te parler euh tu sais euh la dernière fois euh
ben j'voulais t'dire euh que j'aurais dû t'dire euh
quand est-ce qu'on se revoit ?




Nuit tendre






Être avec toi


Des fois j'essaie de sentir ta présence.

            C'est doux de savoir que tu existes.

Je rêve de m'endormir sereine, tête lourde sur ton épaule,
se laisser aller à deux pour la nuit.

            Se caresser jusqu'à dormir.

S'aimer le matin, tes mots, tes confidences,
comment tu te sens aujourd'hui, de quoi tu as envie.

Voir ton visage, te regarder longtemps, nos regards ensemble,
des mots tout doucement et des silences.

            Longtemps, à s'y perdre, à s'oublier.

S'embrasser, sentir nos lèvres, nos odeurs. Revenir à nous.


Handicap mortel


je veux dire
quel bon moment j'ai passé avec toi
on r'met ça on passe une semaine sous la couette
tu sais que tu me plais !

et je dis
bah euh je voulais te voir euh
te parler euh
tu sais euh la dernière fois euh
ben j'voulais t'dire euh
que j'aurais dû t'dire euh
quand est-ce qu'on s'revoit ?

Oh !


Il est dit qu'ici bas on vit. Il est dit que cela commence par effusion de corps hormonés qui se glissent l'un dans l'autre. Avec passion ou pas. Avec amour ou pas. Drôlement. Habilement. Gauchement. Violemment. Intensément ou vaguement. Joueuesement. Oui, joueusement !!! Ils rient. Ou pas, car ils sont parfois timides, coincés, peureux. L'intime de l'autre si nouveau, inconnu. L'insobriété planante a parfois aidés à s'emboîter.

Troublant boléro


je ne peux plus te regarder
mon regard fuit
mes doigts tremblent
je t'écoute à peine,
on pourrait se dire n'importe quoi juste pour parler ensemble
tu t'approches de moi, je ne sais plus quoi faire
tendrement gênée

Légèreté


Un lion aux cheveux noirs
yeux de braise
le pas alerte
il dit :
« La vie c'est pas sérieux. »
Il chante à tue-tête
et crie sa rage de vivre.
« Viens ! Dansons ! »
Et je chavire.


Je t'en prie


Viendras-tu me chercher, Souverain de mon cœur,
Maître dévastateur que j'ai feins d'oublier ?
Ou dois-je provoquer en toi une telle fureur
Qu'accablé de douleur tu viennes me consoler ?

Viendras-tu m'écouter dans toute ma douleur,
Ou devrais-je arracher à ton âme quelques pleurs,
Pour que d'une douce terreur tu viennes m'accabler,
Que mes lèvres tu effleures d'un éternel baiser ?

Je serai ton empire et tu seras mon roi,
Oui, tu seras ma loi jusqu'à ce que j'expire.
La mort de mes soupirs ne peut éteindre la voix,
Elle me rapproche de toi ; je peux t'appartenir.

Exerce ta puissance, ô toi mon élixir,
Conforte mon obsession, règne sur mon cœur,
Et puisses-tu m'envahir moi et mon innocence,
De ta suprême grandeur, de ton extrême passion !


Un type

 
Posé et peu bavard.

Observateur, non critique, il laisse un peu aller son apparence physique,
peu lui importe le regard des autres.

Il diffuse son bien-être.

Les questions il les laisse venir quand elles se posent, sans inquiétude.
Juste, elles sont là.

Il est très sensible. Il aime. Rien n'est grave.

En lui, c'est fluide, il capte les mouvements du monde sans s'agiter.
Réfléchi, c'est un sens inné.

Là, tranquille au milieu des autres.

Un nuage moelleux de par sa foi sans limites


Dulzuras de cada dia


hola cariñito
hola guapita
¿ que tal amorcito ?
hola chiquillos
nos vemos prontico
¡ ay hermano !
un abrazito antes de irnos
me alegro
suerte preciosa
cuídate
que te vaya bien hermosa

estas pequeñas palabras que te hacen sentir más suave la vida,
que encariñan tus dias...


Besoin, envie


besoin de toi
besoin de calme
besoin de manger
besoin d'une cabane où me réfugier
besoin de parler
besoin d'être seule
besoin de soleil
besoin de rêves
besoin de parler sans cesse, d'envahir
besoin de parler de moi
besoin d'être reconnu
besoin de me justifier
besoin de me plaindre
besoin de critiquer
besoin de reprocher aux autres
besoin de me sentir au-dessus de tout ça
besoin de paix
besoin de bonne conscience
besoin de remettre en question
besoin de casser les valeurs admises comme « le bien »
besoin de repères
besoin de prise de tête ?
besoin de temps
besoin de simplicité
envie de liberté
envie d'amour

besoin, envie

envie de toi
envie de calme
envie de parler
envie d'être seule
envie de soleil
envie de rêves

envie de paix
envie de simplicité

besoin de liberté
besoin d'amour


je ne suis qu'une moitié,

condamnée malgré moi à la recherche de l'autre.
je ne suis qu'une moitié ?


Peur d'ailleurs



Un nouveau petit paradis à peine découvert les peurs enfouies se glissent pour troubler sommeil.

Ventre noué, se sentir petit emporté par l'océan,
imaginer la violence d'un tsunami en écoutant, à chaque instant,
les vagues se casser sur la plage à quelques pas du lit.

Lutter pour oser allumer la lampe, affronter ses imaginaires, 
aller faire cent pas dans ce dehors si sombre,
enfin, se soulager.

Rebrousser chemin,
avoir peur d'un chat…
retourner dormir dans cet endroit tellement serein.

Cape Coast, Ghana, 2004



Jours et nuits



Bleus violets colorés teintés
L'âme du siècle
La mer emportée
Le cœur de l'homme
De toi de moi
Théâtre de la vie
Respire, et au ryhtme des battements, 
Trouver des mots cinglants
Qui sonnent et qui résonnent

Rêver les courbes et les couleurs
D'une toile précieuse
Tissée de fibres danses

 

Réaliser nos rêves d'enfants



       Petit à petit façonner les pierres.
Les empiler, s'arrêter pour jouer, 
       tout casser puis recommencer
avec tous les enfants du quartier.
       Faire une grande tour où chacun grimpe
et observe dans le silence
       les pays lointains qui sont le reflet 
de sa tête et de son cœur.

       Les ailes du jeune perché poussent pour enfin se laisser aller dans l'élan,
pour enfin voler. 
       Cet élan, combien de fois l'enfant l'avait connu, le cœur palpitant 
sans oser l'écouter,
       il l'avait à chaque fois replié en quatre pour le cacher tout au fond
du fond de son cœur.