Sans filtre



Avec le temps le goût des imperfections s'affine, sensible aux petits riens, aux beautés fragiles. Il s'affirme, sûrement, à mesure qu'il dédaigne l'insipide idéal.
Les vagabondages du fol espoir fanent en même temps que les errances du désespoir, le simple apparaît, abrupte. Le vrai se dénude par à coups. Nous le sentons, là, diffus, sans forme, dans son essence impalpable.
L'absolu aussi se dévoile, a priori grandiose et idéel, qui n'a pas vécu. S'il vit, il se confronte. Les événements et l'expérience lui soufflent des mots sages et sévères. Il se ride et s'incline devant ce qui est.
À l'amour de l'absolu succède peut-être l'amour.


Espace




« Je m’avançais vers l’inconnu et personne au monde ne pouvait me dire ce que j’allais y rencontrer. Je n’avais pas de mode d’emploi. C’était la première fois. Mais je savais que cela devait être fait [...]. Je grimpai hors de l’écoutille sans me presser et m’en extirpai délicatement. Je m’éloignai peu à peu du vaisseau [...]. C’est surtout le silence qui me frappa le plus. C’était un silence impressionnant, comme je n’en ai jamais rencontré sur Terre, si lourd et si profond que je commençai à entendre le bruit de mon propre corps [...]. Il y avait plus d’étoiles dans le ciel que je ne m’y étais attendu. Le ciel était d’un noir profond, mais en même temps, il brillait de la lueur du Soleil… La Terre paraissait petite, bleue, claire, si attendrissante, si esseulée. C’était notre demeure, et il fallait que je la défende comme une sainte relique. Elle était absolument ronde. Je crois que je n’ai jamais su ce que signifiait “rond” avant d’avoir vu la Terre depuis l’espace. »




Paroles d'Alexeï Leonov, 
le premier homme ayant fait une sortie dans l'espace, à l'extérieur d'un vaisseau.

Source : wikipédia. 
Date de la « marche dans l'espace » : 18 Mars 1965. 

Cartes postales fantastiques d'Alexeï Leonov